Ce
lundi le premier train qui descend de Viane entrait en gare sans
siffler, prenait en écharpe M. le curé de Montcouyoul
près de la voie, où il attendait le train montant,
et le
projetait violemment à plusieurs mètres. L'état du
blessé donne des inquiétudes. Depuis ce bien regrettable
accident, le conducteur du train fait rage de sifflements tardifs.
Vabre. -
Ecrasé par un train.
Dimanche dernier,
le nommé Joseph Chamayoux,
âgé de 54 ans, chiffonnier à Vabre,
a été victime d'un horrible accident qui
lui a coûté la vie, dans les circonstances suivantes
: En voulant monter dans un des vagons de la compagnie
des chemins de fer départementaux, à lahalte de Sénégats, sur la ligne de
Pierre-Ségade à Castres, Chamayoux, qui
est infirme du bras droit et qui est pied-bot, essaya de
s'accrocher au premier vagon du convoi
qui arrive à Castres à 7 h. 15
du soir, alors que le
train était en marche ; malheureusement
il ne réussit pas à escalader le
marche-pied et
tomba. Le dernier vagon lui passa sur le
corps qui fut sectionné littéralement. La malheureuse
victime de cet accident laisse une
veuve et trois enfants.
Enfin,
la Compagnie concessionnaire a produit, à la date du 15 juin
1903, le projet de tracé définitif de la partie de
ligne comprise entre Pierre-Ségade et Murat.
Les
propositions du Service du contrôle feront l'objet d'un
rapport spécial qui sera déposé en temps utile
pour que le Conseil général puisse prendre une
décision au cours de la session.
Enquête
des stations.
L'enquête sur le nombre et
l'emplacement des stations, haltes et arrêts à
établir sur la partie de la ligne de Castres à
Murat, comprise entre Vabre et Pierre-Ségade, a eu lieu du 10 au
18 mai dernier. La Commission
départementale a statué sur les résultats de cette enquête dans sa
séance du 22
juin 1903.
Les propositions, de la Compagnie concessionnaire ont été
adoptées sous réserve que la halte de Sénégats sera transformée en station. Cette
décision a été notifiée à la Compagnie concessionnaire le 30 juin 1903 et, par une lettre
en date du 2 juillet, M. le Directeur
de cette Compagnie nous a fait connaître qu'elle ne pouvait
accepter la transformation en
station de la halte de
Sénégats...
M. A REILLE - "J'ai l'honneur de
prier le Conseil Général de vouloir bien confirmer une décision de la
Commission des arrêts de la ligne de chemin de fer d'intérêt
local de Castres à Vabre et émettre le vœu que la
halte de Sénégats soit transformée en station." M. LOUP. "Je
m'associe à ce vœu."
Le train repartait à destination première, ou deuxième, de la
gare de
Lacaze.
Selon les circonstances ou peut-être à partir d'une certaine date, un
arrêt facultatif à
Ganoubre était inséré.
L'ancienne plate-forme ferroviaire, en courbe, croise le "chemin
du Pont" - du Pont de Sénégats -
En 1943, Marcel de Hubsch et Albert
Mahusier, dans leur
court métrage intitulé "Le
Tortillard" Chemin de fer du Tarn Castres-Murat, font dire à Jean
Nohain :
"A la va comme je te pousse nous
arrivons à Tournadous."
La marche des trains, à l'époque exclusive de la vapeur, avant la
mise en service
des automotrices puis des autorails, ne mentionne aucun arrêt à Tournadous, pas même sous
l'appellation du hameau de "Ganoubre"
sur lequel l'église Notre-Dame de Tournadous est construite.
On trouve trace de Ganoubre, en 1938, à l'occasion d'un pèlerinage à Lourdes.
L'horaire reste
celui d'un train spécial. Billets.
Les billets définitifs doivent être demandés, tant
pour les malades que pour les pèlerins valides, au curé
de la paroisse ou aux organisateurs des divers trains, selon le cas.
Les infirmières voudront bien retirer les billets des malades et les
leur distribuer.Tout
billet non utilisé peut être remboursé à la condition d'être rendu
avant le départ à l'un des directeurs de train : MM. les abbés Béziat
et Blanc, pour les trains de Castres...
Ces billets peuvent être aussi remis au
guichet de la gare de départ avant l'arrivée du train de pèlerinage.
Mais il ne faut pas oublier de se faire délivrer un reçu qui sera
ensuite envoyé au directeur général du pèlerinage. Celui-ci fera les
démarches nécessaires pour obtenir le remboursement.
"France Ferroviaire"
attribue à la "gare" de Ganoubre
le N° 12227, et l'on peut lire par ailleurs : Exposés à tous
les vents, à la pluie ou à la neige, les usagers de
nombreux arrêts élèvent,
à
leurs frais, des abris originaux : Lacazalié, La
Razigade, Ganoubre, les
Passes, Gijou...
A la seizième minute
(16' 16") du film "Le Tortillard", Jean Nohain, lyrique, dans un
inventaire des arrêts, à la Prévert, cite Tounadous sur l'image de l'un de
ces abris construits par la population.
Le court métrage mélangeant les chèvres, les veaux, les bœufs et les
choux, rien n'atteste que la bâtisse
soit celle de Ganoubre,
même si 3 plans auparavant la caméra s'attarde sur
Le
"petit train" de Castres à
Murat quitte au Bouissas la vallée de
l'Agout.
Nous voici dans l'ancien comté de Lacaze
qui comprenait la
presque totalité de la vallée du Gijou
et une partie de celle de son
affluent le Berlou ; ses dépendances s'étendaient bien au-delà.
Cette
vallée est bien l'un des coins les plus ravissants des monts de
Lacaune. Le Gijou, fréquemment encaissé entre de hautes et pittoresques
montagnes, en partie boisées, forme de nombreux méandres et traverse
une suite de cirques, en apparence sans issue, d'une variété d'aspect
absolument remarquable...
Dans
cette région, le plus petit bourg a son nom écrit dans notre histoire
locale. La motte féodale de Sénégats
défendait au moyen-âge le Sénégazés...
La voie déferrée s'insère entre Roque Longue et la rive convexe d'un
méandre du Gijou puis, au-delà de l'embranchement d'un court chemin de
service, entre les parois d'une tranchée.
On mit là
pendant la guerre de Cent ans un poste de 20
lances (60 hommes environ, archers et coutiliers compris) qui, avec un
autre similaire établi à Montcouyoul, protégeait le Castrais contre les
Anglais maîtres de plusieurs châteaux dans le nord de l'Albigeois.
Vabre dépendit tour à tour de Sénégats
et de Lacaze.
Pierre-Ségade,
centre de la commune de Viane où se trouve Lacaze, est bâti au pied
d'un éperon rocheux autrefois dominé par la place forte de Viane qui
soutint des sièges fameux.
La D 171, qui remonte
la vallée du Gijou, se substitue à la voie métrique du Petit Train.
1951
Echos
du Conseil général
C'est avec un bien grand plaisir que nous avons appris que le
Conseil général, prenant en considération la pétition signée
de 391 habitants de la basse vallée du Gijou,
disséminés dans une cinquantaine de localités, hameaux ou
exploitations diverses
et les délibérations motivées
des municipalités de Vabre, de Lacaze,
de Saint-Pierre de Trévisy, de Viane-Pierre-Ségade et de la
Chambre
de Commerce de Castres, avait décidé l'aménagement en route carrossable
de la voie ferrée de Vabre à Sénégas.
En vue de réduire au maximum la période de transition
entre 1'arrêt du service ferroviaire et la mise en service
de la nouvelle route, les
travaux d'élargissement de la plate-forme de
la voie seraient commencés sans attendre la suppression du train
qui ne pourrait devenir effective que lorsque la route
serait
en état d'assurer le trafic.
Fait remarquable : Ce vote a été acquis à
l'unanimité de nos conseillers, qui pour une fois, faisant taire
leurs
dissentiments politiques, n'ont voulu penser qu'à l'intérêt des
populations laborieuses de notre vallée. Il convient de les
en
féliciter chaleureusement.
Ajoutons que ce magnifique résultat est dû
pour la plus grande part à l'intervention énergique et combien efficace
de M. A. Fauré, le si sympathique Conseiller général du canton de
Vabre, dont le dévouement sans borne aux intérêts cantonaux
est bien
connu de ses électeurs et qui a été assuré en la circonstance de
l'appui de tous ses collègues de la région.
Nous lui adressons donc,
ainsi qu'à tous ceux qui ont contribué de près ou de loin
à une
décision aussi heureuse pour le développement économique, agricole et
touristique de notre pays, nos remerciements les plus sincères.
Qu'ils
nous permettent toutefois de mettre toute leur vigilance en garde
contre des obstructions systématiques plus ou moins intéressées
qui en
entravant ou retardant l'exécution des travaux pourraient
venir mettre en échec la volontéunanime de
l'Assemblée départementale.
La future D 171, qui affiche
là son onzième kilomètre, n'était pas encore concernée par cet
élargissement anticipé.
1951
Pour
ou contre ce cher vieux Tortillard...
Les journaux
avaient, il y a quelques mois, parlé du projet de suppression
définitive du petit train. M. Jean Hérail,
que je rencontrais l'autre jour, qui est amoureux de ses
souvenirs - le Tortillard en est un -
m'entretint
de la question et, toute réflexion faite, j'allai trouver en
son bureau
M. Albert Parraud, inspecteur d'exploitation de la V.F.D.M.
Le petit
train coûte cher. Le charbon est
très onéreux, c'est un fait mais les autorails sont en
très bon état
et la traction par ce mode de transport n'est pas onéreuse, au
contraire, très intéressante...
d'honorer leur rendez-vous avec le
Gijou, ici tout proche. Moins de 30 mètres.
...1951
On devrait
conserver certains trains à
vapeur pour le transport de grosses marchandises, mais en
utilisant l'autorail pour les voyageurs et petits colis, le
déficit ne devrait
pas augmenter.
Les tarifs ne
sont pas prohibitifs (3 fr. 50 le
kilomètre) et la vitesse moyenne de l'autorail bien supérieure
à celle
que peuvent obtenir les autobus dans cette région. Le conseil
général
du Tarn a décidé la suppression du train pour le 1er
janvier 1953.
Les crédits ont été votés pour que soit terminé le pont de La Pararié,
sous réserve que disparaisse le chemin de fer.
C'est très joli, facile
à dire ; toutefois, l'hiver, par mauvais temps les gens de la
montagne
sont bloqués et ce ne sont pas les autobus qui pourront
aller les
chercher. Même clopin-clopant,
le train seul peut faire le trajet, c'est prouvé. Pendant la guerre,
l'effectif de la V.F.D.M. avait été renforcé.
Maintenant, quand
un employé meurt ou prend sa retraite, on ne le remplace pas.
S'il n'y
a plus de chemin de fer, les bois ne sont plus
exploitables par la
route. Les gros transports ne sont pas possibles, surtout l'hiver,
mais même en été on ne pourra charger les autobus avec du gros
bétail,
veaux ou autres animaux.
Les routes devant remplacer la voie ferrée
coûteront très cher. Celle qui mène au pont en question n'est, en fait,
qu'un chemin. Pour que de gros camions ou des autobus s'y croisent, il
faudra absolument les élargir et entretenir à longueur d'année une
équipe d'entretien. Faire des projets est aisé : les réaliser
est autre
chose. M. Parraud ne
pense pas que les autobus de Castres
tiennent absolument à la suppression du train.
Bien que faisant un
trajet plus court par la route que le train, Béziat, après
accord avec
la V. F. D. M., fait le même tarif, pour Lacaune, rien ne
remplacera le
train. De plus, une fois que seuls les autobus
feront la jonction, le trafic se divisera sur toutes les
routes...
au passage à niveau de la
Mouline-Haute par l'autorail assurant le
service CASTRES-MURAT. Cette machine aurait heurté une vache qui aurait
été tuée sur le coup. Nous nous sommes rendus
immédiatement sur les lieux et avons procédé à une enquête :
DECLARANT - VALETTE,
Antonin, 73
ans, cultivateur, demeurant à LACAZE, Tarn, qui déclare :
[...]
Le
mécanicien a annoncé
son approche, à ce moment-là deux vaches avaient
réussi à
passer, la troisième qui était à peine
engagée a été heurtée par la machine
à
l'épaule droite. Cette bête a fait un bond puis est
tombée raide morte à 8 mètres
environ du point de choc.
[...]
J'en suis pour la perte
de cette bête et n'ai rien à réclamer à la Société des Chemins de fer
départementaux du Midi.
Lecture
faite, persiste
et signe.
DECLARANT - PASCOT
Marius, 51 ans,
Conducteur de machines, au service des Chemins de
fer départementaux du Tarn, [...] A proximité du passage à niveau de
Mouline-Haute, j'ai klaxonné fortement, pour annoncer mon
approche et ceci à 40 mètres environ
avant le passage à niveau.
Voyant le passage à niveau
libre, j'ai continué ma
marche normale. 4 à 5 mètres environ avant d'arriver
à ce passage à niveau,
une vache a traversé la voie en galopant. Malgré un freinage énergique, je
n'ai pu m'arrêter avant d'arriver à cette
bête.
L'avant de la micheline a
heurté cet animal qui a été projeté
à terre sur le côté de la voie ferrée...
Revue
d'histoire des chemins de fer 24-25 (printemps -
automne 2001) Michel
VIERS
A l'époque ferroviaire des lieux, la route d'Albi à Lacaune
coupait à niveau
la plate-forme du
Petit Train
et s'en allait rallier la route d'Albi, à gauche de la voie
sur une chaussée
occupée aujourd'hui par un chemin fléché
"Lacaze 2 km 0 h 40 - Liaison avec Sentier de la
Bessède".
Les trains poursuivaient en courbe,
en site propre.
Service du
Contrôle en date des 8 -
15 avril 1904
(A=607) ; dont une copie lui a été communiquée.
Les enquêtes
parcellaires ont eu lieu dans les communes traversées par la ligne, du 11
au 21 septembre 1904
et
l'arrêté de cessibilité des terrains
à exproprier pour la construction de la ligne a été rendu le 4 janvier 1905.
Les
terrains ont été achetés, soit à l'amiable, soit par expropriation.
Parmi les terres, pacage, prés, jardins, sentier, friches, rochers...
expropriés,
deux parcelles, les 222 et 226p, appartenaient à un nommé
Fabre Louis, tisserand à Lourtiguier,
pour le moins homonyme
de Louis
Fabre, créateur il y a 70 ans de la laiterie que gère aujourd'hui
son petit fils Gilles, aux côtés
de Christine, son épouse ; laiterie qui fait la fierté de
Viane et de ses alentours.
Cette laiterie exploite, entre autre, deux anciens souterrains ferroviaires
dont un aménagé en cave, exclusivement dédiée à l'affinage
des fromages
bio :
au sein du tunnel de
Lourtiguié(135 mètres) qui, après celui de Pujol
(Viane), mis en place en 2010,
faisait aussi partie de l'ancienne ligne
du petit train de Castres à Murat-sur-Vèbre !
en balcon au-dessus
de la "départementale N° 81, d'Albi à Lacaune",
puis s'isole dans des propriétés privées.
1903
Au
cours de l'enquête des stations qui nous occupe,
un membre de la
Commission instituée pour statuer sur les résultats de l'enquête, a
demandé le déplacement de la station
de Lacaze
sans fixer le nouvel
emplacement et il n'a pas été possible de donner suite à cette
proposition.
Pareille demande a été faite par le Conseil municipal de
Lacaze (délibération du 12 juin 1903)
et, par un rapport en date des 30
juin-4 juillet 1903,
nous avons proposé de transmettre
cette
délibération à la Compagnie concessionnaire, en l'invitant, si elle
juge meilleur l'emplacement proposé, à en dresser le plan pour le
soumettre à une nouvelle enquête. (A suivre)
Les
habitants de Lacaze ont aussi leur grève... il ne nous manquait que
cela.
Les travailleurs de la ligne sont allés
au chant de
l'Internationale demander augmentation de leur salaire. Leurs
réclamations sont peut-être justes. Mais ils auraient tort de mettre
leurs poings sous le nez de leurs patrons. L'entente amicale vaut
mieux, et ce n'est pas l'Internationale qui la produira.
Les travaux du chemin de fer vont bon
train. Activement menés ils ne tarderont pas à voir luire leur fin, que
nous désirons malgré la bonne intelligence qui règne entre espagnols et
français.