Nos honorables Collègues MM. Laissac, Razimbaud et Abbal ont
déposé le vœu suivant :
Considérant que la halle fermée et le quai
découvert de la station de
Mons-la-Trivalle ne répondent plus depuis longtemps aux
besoins du
commerce, par l'insuffisance manifeste de leur superficie ;
Attendu que cette station dessert entièrement un certain
nombre de communes, telles que Mons,
Colombières,
St-Julien, St-Martin-de-L'Arçon, Vieussan, Roquebrun, et
partiellement
celles de St-Nazaire-de-Ladarez, Berlou, Causses-et-Veyran et Cessenon...
Considérant que le mouvement des marchandises de cette gare
s'accroît,
d'une manière continue, depuis l'ouverture de la ligne
(novembre 1889),
et que si cette progression se maintient, il deviendra indispensable de
doubler la surface de ses quais tous les dix ans
jusqu'au moment où le
prolongement vers Mons du Chemin de fer d'Intérêt
local de Béziers
à Cessenon sera devenu un fait accompli.
Lorsqu'en 1931
le Ministre André Tardieu vint prendre le train à
Mons-la-Trivalle, le projet de ligne Béziers -
Mons-la-Trivalle n'était plus d'actualité.
L'Écho de Paris du 4 juillet
1931,
rapporte :
Quand on parle de ministres qui dansent, on pensent tout de suite aux
accidents parlementaires qui les font valser, et cette danse se
réduit à une métaphore. C'est d'une
vraie danse
que je veux parler, et d'un ministre qui réellement dansait.
C'était dimanche dernier.
Au retour de Lamalou, après
avoir inauguré la forêt
des combattants et présidé le banquet au cours
duquel il
avait été prodigieusement acclamé,
M. André Tardieu, accompagné de quelques
parlementaires et des autorités du département,
se rendit
à la petite
station de Mons-la-Trivalle où l'on prend le
train pour Paris.
On savait que le ministre devait venir.
Pour lui faire honneur, le maire
de Mons avait convoqué
à la gare le jazz qui fait danser la jeunesse
du village.
Dès que le ministre parut, voilà le jazz qui se
met en train. Que jouait-il ? Des rigodons.
Toute la population du pays était là, vous pensez
bien,
et, naturellement toutes les jeunes filles qui regardaient curieusement
le ministre.
Le train se faisait attendre.
Les jeunes filles étaient
charmantes. Et le jazz continuait
à jouer des danses. Que
fit M. André Tardieu ? Avec cet esprit de
résolution qu'on lui connaît, et même
son esprit
tout court, il se détacha de son cortège, se
dirigea vers
le groupe de jeunes filles, en prit une, toute rougissante, par la
taille, et se mit à danser avec elle, aux applaudissements
de
l'assistance.
Mais
M. Barthe
était là. Un député
socialiste, et du cru, allait-il
laisser M. André
Tardieu se tailler dans ce pays une popularité
formidable ? Lestement à son tour,
il courut inviter une jeune fille à
danser. Et voilà M. le questeur dans la branle.
Si le train n'était pas arrivé, le ministre et le
député auraient dansé toute la nuit.
Dans le pays, on ne parle que de la gentillesse de M. Tardieu, qui
fait danser les jeunes filles et qui danse bien.
Quant à
M. Barthe, il est un peu inquiet : il
s'attend à
être mis sur la sellette au prochain congrès
socialiste
pour avoir emboité le pas à
M. André Tardieu.
Les "vérités alternatives" ne sont pas propres au
XXIème siècle.
Le train repartait
au
travers de l'emprise
de la station
et retrouvait bientôt
sa voie unique.
Photo du 14 octobre 2011
Saint-Pons (Hérault), 27
août. - Le train 701, allant de Montauban à Montpellier, a tamponné en
aval de la gare de Mons-la-Trivalle, le nommé Roger Jean, âgé de 68 ans, sourd-muet, qui longeait la voie en se rendant aux champs,
malgré
la défense expresse qui lui avait été faite, et
à plusieurs reprises par sa famille. La locomotive l'a pris par
derrière, en écharpe, lui tordant la faux qu'il portait
sur l'épaule, lui brisant l'omoplate gauche, et le projetant
dans un fossé. Son état est jugé
désespéré.
quitte l'ex-emprise de la gare dans les meilleures conditions de sécurité possibles.
La demande de prolongement des installations
marchandises de la gare de
Mons, en vue de satisfaire au surplus de trafic engendré par
l'embranchement espéré sur Béziers,
n'était pas exprimée sans raisons.
Au conseil général, le 20 avril
1898, on en cause :
Conformément à la décision que vous
venez de prendre,
votre Commission vous propose : 1°
D'inviter M. LE PRÉFET à
faire commencer sans retard
les études de la Ligne
de Béziers à Mons-la-Trivalle et de
la
Ligne de Béziers à Cruzy, avec prolongation sur
la Ligne de
Bize, par Montouliers, avec cette précision, que si les
études
de ces deux lignes ne peuvent pas être faites
simultanément,
la Ligne Béziers-Mons-la-Trivalle, pour laquelle une
décision a
été déjà prise par le
Conseil Général à sa Session d'Avril
1897,
sera étudiée la première ;
2°
De rattacher au Budget départemental de 1898, la
somme de 8,000 fr. votée par les communes
intéressées à la
construction de la Ligne de Béziers-Mons-la-Trivalle, pour
les
études à faire sur cette ligne ;
3°
De décider le prélèvement
de pareille somme de 8,000 fr.
sur les 20,000 fr. inscrits au Budget du Report de 1898, Chapitre
XVIII,
pour la part contributive du Départementent aux
études
de cette ligne ;
4° De
rattacher au
Budget départemental de 1898, la
somme de 8,200 fr. votée par les communes
intéressées à la
construction de la Ligne de Béziers à Cruzy, avec
prolongement sur la
Ligne de Bize, par Montouliers, pour part contributive des
études de
cette ligne ;
5° De
décider le prélèvement
d'une somme égale de
8,200 fr. sur les 20,000 fr. inscrits au Budget de Report de 1898,
Chapitre XVIII, pour la part contributive du département aux
frais d'études de cette ligne.
Adopté. Bien essayé, adopté, mais pas
construite. Mons-la-Trivalle ne deviendra jamais gare de bifurcation.
"Le Journal" du 4 septembre 1926, qui n'a pas révisé sa géographie, signale un éboulement dans la tranchée du Verdier, près de Colombières*,
*à côté de Mons-la-Trivalle et non de Colombières
où l'express Paris-Lamalou a dû attendre le dégagement de la voie...
Photo du 29
février 2012
En face, le randonneur devine entre des vignes, la route
des Gorges d'Héric ;
au-dessous, il voit
la Passa Païs qui,
en courbe,
surplombe le hameau
du Verdier-Bas.
En 1911,
l'express "Paris-Lamalou"
s'engageait sur le tablier
d'un viaduc
maçonné, dont les arches
enjambaient d'abord
le "chemin d'Héric
au Verdier Bas",
puis des terres
que d'aucuns
imaginent inondables
en raison, peut-être, de leur proximité
avec la sortie des célèbres gorges d'Héric.
L'on se rend aux gorges d'Héric par la gare de
Mons-la-Trivalle, en face le magnifique pont suspendu de Tarassac,
et par le hameau du Verdier.
Elles s'étendent sur une longueur de près de huit
kilomètres et offrent à l'œil
scrutateur des
touristes toutes les conceptions les plus fantastiques, qu'il puisse
rêver.
C'est
tantôt un chaos de roches adustes, bacchanale de pierres
dévalées des flancs abruptes du Caroux et de
l'Espinouse,
tantôt des gouffres et des cagnons d'où l'eau
jaillit comme
une coulée de mousse blanche en d'immenses conques
où
frétillent des myriades de truites dorées.
Et l'œil,
étonné d'abord par ces sites d'une beauté sauvage
incomparable, est
bientôt fasciné par l'imposante perspective de falaises
qui les
enclavent, des falaises hautes de presque sept cents mètres
d'altitude, bordées de formidables arêtes de granite qui
menacent le ciel, fantastiques et provocantes.
Et
là, dans l'immense solitude qui enveloppe ce cataclysme
immobilisé, le regard du touriste se sent tout
bouleversé, un vide énorme semble s'ouvrir devant lui
sans autre sensation de vie que le vol des aigles au-dessus de
l'aiguille du Riotort qui se dresse, majestueuse et inaccessible, comme
une flèche de cathédrale...
Les gorges d'Héric attirent des voyageurs sur la ligne du Midi. Pas toujours de très loin :
Le temps est couvert ! Fiche déveine tout de même qui
va tout contrarier. Et pourtant rien ne nous laissait présager,
hier, un changement si subite dans la température.
A la gare, cependant,
personne ne manque, sauf deux des nôtres, partis en
"éclaireurs" par le
premier train, pour aller nous assurer les repas que nous devons
prendre à l'auberge de la Trivalle. Ici, en attendant
l'arrivée de l'express, nous causons du temps : Aurons-nous
la pluie ou le soleil daignera-il nous faire risette...
Un panneau du Parc régional informe (informait ?) l'usager de la voie verte :
Confluence
de l'Orb et du Jaur Ajustador d'Orb e Jaur
Les
vallées des rivières Orb et Jaur se rejoignent
ici formant un paysage
grandiose.
La
confluence se fait au pied des falaises granitiques et gneissiques
impressionnantes du Caroux sur la rive nord, tandis que les Avant-Monts
schisteux et boisés font le dos rond sur la rive sud. Le
sillon des
deux vallées concentre l'essentiel de l'activité
humaine : les voies de
circulation, les villages et les villes, mais aussi les vergers, les
vignes et les prairies.
De leur côté, à la gare de Lamalou, les excursionnistes d'un jour ressentaient une
trépidation sourde à l'arrivée de l'express. Vite
en wagon et le train repart, brûlant le Poujol,
Colombières pour s'arrêter à Mons-la-Trivalle, dans
un temps relativement court, - le temps de griller une cigarette.
A l'auberge on nous signale le passage de nos estafettes - le diner sera prêt à midi.
Durant le parcours de Lamalou à Mons, le temps a subitement changé.
Plus de nuages au ciel, mais en
revanche, un vent sec et violent s'est levé, balayant vers la
mer les cirrus et les cirro stratus qui nous effrayaient tant ce matin.
De
gros tourbillons de poussière nous enveloppent, enlevant nos
chapeaux et secouant terriblement ceux des dames qui sont avec nous.
Nous avons hâte d'arriver au petit hameau du Verdier, où
nous trouvons un abri salutaire dans un petit sentier encaissé
qui nous mène dans le ravin où nous attendent nos deux
avant-coureurs...
Non loin, à vue, le ruisseau du Fréjo conflue avec le fleuve Orb.
Le regard du randonneur peut se porter également
sur le col des Parties, à prononcer "Partièsss", pour ne pas se faire moquer.
Dans sa rubrique : les sabotages, "La Gazette" du 26 juillet 1911 publie :
Montpellier, 24 juillet. - Sur la ligne de Saint-Pons à Bédarieux, entre la gare de Colombières-sur-Orb et de Mons-la-Trivalle, un train de voyageurs a failli dérailler.
Les recherches ont fait découvrir que les rails n'étaient plus rivés au sol, sur un long parcours.
On croit à un acte de sabotage.
L'Avenir, journal quotidien des fédérations socialistes du Sud-Ouest, du 5 août 1911, revient sur l'article de leur confrère :
Le Petit Méridional de Montpellier, organe radical de
M. Laferre, racontait mardi dernier le dramatique récit
d'un acte de sabotage qui se serait produit dimanche 23 juillet dans
l'Hérault, entre Mons-la-Trivalle et Colombières.
Les voyageurs - disait le Petit
Méridional - furent terriblement secoués ; il y
eut de l'angoisse ; le mécanicien était pâle
et défait, etc., etc.
Et le Petit Méridional de conclure :
"Tout indique que l'accident est l'œuvre de criminels saboteurs"...
La voie verte dépasse le piquet de son km 58 et s'engage, sans en faire part,
l'intermittence naturelle de ses eaux couplée aux effets du réchauffement climatique,
ont probablement justifié qu'elles s'écoulent désormais par le passage piétons.
Les effets du réchauffement climatique du piéton, lui, sont traités par la buvette voisine du Mil'Yeux.
L'Avenir, journal... poursuit :
Or la Dépêche de Toulouse, journal Radical de
M. Sarraut, a fait une enquête et dans son numéro du
28 juillet (édition de l'Hérault), cet organe nous fait
ainsi connaître l'auteur de ce "criminel sabotage" : Le coupable, dit la
Dépêche de Toulouse, c'est l'astre du jour. La
légère secousse ressentie par les voyageurs du 712,
dimanche, est la conséquence tout simplement de la dilatation
des rails produite par la chaleur.
Caillaux..., ou plutôt Cruppi va-t-il nous faire assister
à ce spectacle peu banal, on l'avouera, de gendarmes
- nouveaux Josué - arrêtant... le soleil.
Les convois se présentaient maintenant
à la croisée du "chemin de la Rivière" ;
chemin dévié, lors de la construction
Photo du 29
février 2012
A 29 kilomètres de Saint-Pons. Gare. Ligne de Mazamet à Bédarieux.
Sources d'eaux gazeuses et ferrugineuses exploitées.
Hôtels.
Commerce de vers à soie, cerises et châtaignes.
En 1913 :
V..., 79 ans, propriétaire à Colombières-sur-Orb, dont les brebis avaient été paître dans le pré d'une garde-barrière
Photo du 29
février 2012
est condamné à 5 francs d'amende avec sursis pour infraction à la police des chemins de fer.
était implantée à la croisée du chemin rural
N°18,
dit "chemin du
Château".
Photo du 29
février 2012
Des panneaux démotivés, dont un obsolète, laissent à penser que, dans un deuxième
temps, le passage à niveau s'est gardé tout seul.
Le Tour de France, en 1951, a traversé la commune de Colombières-sur Orb. Pas par la voie verte :
Colombières-sur Orb, un bourg au fond d'un entonnoir. Les
collines qui l'environnent offrent aux caresses ardentes du soleil des
vignes en espalier vert tendre, des champs de bruyère violine,
de larges plaques de fougère roussie.
Un ruisseau (le fleuve Orb !) s'essaie
de serpenter dans le bas. Stop ! La caravane a freiné d'un
coup. Les photographes se sont groupés prêts
à fondre sur leur proie : il y a longtemps qu'ils n'ont pas
eu de gros gibier à se mettre sous l'objectif.
Celui qu'ils guettent est de taille.
Comme une trainée de poudre la nouvelle s'est répandu de
l'avant vers l'arrière : Coppi, Coppi, Coppi...
La galerie du cours d'eau servait-elle aussi de raccourci aux habitués del'ancien chemin de la Barrière à Rodié ; chemin détourné vers l'ouvrage suivant ?
La voie verte Passa Païs passe bientôt
le piquet de son km 60
et s'insère entre des gabions de pierres encadrant
deux chemins "latéral à la voie".
En 1943, en pleine guerre, les trains fonctionnaient sur la ligne de Mazamet à Bédarieux : Le
dimanche 14 février, la section J. P. F. de Béziers est partie, sous la
conduite du docteur Azéma, faire l'ascension du mont Caroux, un des
sommets les plus élevés de notre région. Partis au lever du jour, à
9 heures, le train déposait nos camarades à Colombières-sur-Orb, au pied
de la montagne.
Après une escalade où nos camarades durent déployer
leurs belles qualités sportives, à 12 heures le sommet est atteint... De
nombreux jeunes gens étrangers à notre mouvement
admirèrent la bonne tenue, la force et l'audace de nos camarades. En un mot, excellente journée de distraction et de propagande pour la Fédération.
En 1866, déjà, avant le train et bien avant les jeunesses fachisées par Jacques Doriot, l'ascension de l'Espinouse était un but d'excursion pour les "baigneurs" de Lamalou : L'ascension de l'Espinouse
et du Roc-de-Caroux, est une des excursions les plus pittoresques que
puissent entreprendre les baigneurs de Lamalou ;
mais il paraît qu'elle
est assez pénible, et qu'elle exige au moins une journée entière ; à ceux qui reculeraient
devant la fatigue de cette ascension, nous conseillons la course plus
facile et très curieuse néanmoins des gorges d'Héric à quatre ou cinq
kilomètres au-delà de Colombières.
Le train 705 venant de Castres et
apportant les voyageurs et correspondances de Paris, a déraillé
aujourd'hui à 2 heures 30 du soir
à cent mètres environ de la halte de
Colombières ; heureusement le train marchait à une vitesse modérée et
la locomotive seule est sortie des rails.
Il n'y a eu aucun
accident ; grâce à l'activité des secours, très habilement dirigés par
M. Foureau, le célèbre ingénieur de Paris, qui, par un hasard des plus
favorables se trouvait dans le train, se rendant à Lamalou, la machine
a pu être remise en place, et le train a pu reprendre sa marche avec
une heure de retard.