Ce
feuilleton relate le
tout premier voyage en
Afrique de l'auteur. Il n'a jamais fait l'objet de
publication mais illustre les paysages et certains lieux dont il
est question dans ses livres.
Déçu
de n'avoir pu nous retenir, quelle nouvelle farce prépare le
désert
pour nous imposer sa compagnie plus longtemps ?
Sur une piste maintenant ferme et bien tracée, sa
tâche devrait se compliquer. Et pourtant...
il trouve encore moyen de nous ralentir.
Pour progresser il nous oblige à choisir entre deux
solutions :
Soit, rouler à plus de 80 kilomètres par heure.
Soit adopter le train de
l'escargot.
Nous venons d'entamer notre première portion significative
de "tôle ondulée".
Nous n'avons pas voulu
rester dans ses sables, maintenant, en
colère, le Sahara plisse le front.
Sur la tôle ondulée, rouler entre 10 et 80
kilomètres par heure c'est risquer de retrouver son dentier
dans
le coffre ou d'avoir à s'en faire
poser un. Tout se met à vibrer, à trembler,
à se
dévisser. Les bagages trouvent leur place dans l'habitacle.
Il
est étonnant de constater qu'il restait autant d'espace
pour emporter d'autres objets inutiles.
Au-delà de 80, l'effet vibratoire disparaît, mais
la tenue de route se rapproche de l'aquaplaning.
Il faut choisir.
A l'abord d'une côte, la Renault 6 surchargée
"choisit" la manière lente.
Nous aussi.
Les roues n'apprécient
pas et l'air malmené refuse de nous accompagner
au-delà. Il ne faudrait
pas qu'il pérennise cette attitude fuyante, notre stock de
roues, déjà amputé
de moitié, n'y
survivrait pas.
Nous croisons le Tassili du Hoggar.
Ces rochers noirs seraient nommés Berouten,
qui
précisément
signifierait "Rochers
Noirs".
A chacune de mes traversées j'ai trouvé des
voyageurs arrêtés en cet
endroit. La beauté du lieu invite au bivouac.
Je me suis laissé dire
qu'ici, 60
kilomètres au nord du poste frontière, certains
prétextaient du cadre pour passer la nuit hors du regard
indiscret des
fonctionnaires d'In Guezzam.
Berouten
Nous savons que le jour n'éclairera pas la
totalité des soixante
kilomètres taquins qui nous séparent encore d'In
Guezzam, mais nous
bénéficions encore d'une
bonne heure de lumière pour progresser et entendons
l'employer pour nous
rapprocher de l'oasis.
Le Sahara fait tout pour nous
garder, mais dans l'honneur. Il nous prévient. Il nous
envoie
des
signes clairs. A moins que ce ne soit de l'intoxication
psychologique.
La réflexion sera plus loin,
rétrospective.
Nous passons sans la voir... puisqu'elle n'y est pas encore.
Quelles difficultés peuvent se présenter avant la
frontière ? Qu'allons-nous trouver à In Guezzam ?
Du
ravitaillement ? Du carburant ? Des ennuis au contrôle ? Tout
ou rien
de tout cela ?
Vous
le saurez...
peut-être, en parcourant
l'épisode suivant
: