Cannes
. Subsistances militaires. Par
le train de 1 h. 1/2 du soir, il est arrivé en gare de Cannes
un vagon
contenant 2.860 rations de pain de munition pour les troupes en
manœuvre. Ce vagon, destiné à
Montauroux, a été attelé au train de
Grasse.
Mort tragique d'une septuagénaire
Montauroux (Var), 29 mars.
Mme veuve Leget Honoré, septuagénaire,
suivait la voie avec un chargement d'herbe.
A
quelques centaines de
mètres de la gare de Montauroux, elle fut prise en
écharpe par un train venant de Grasse et précipité
sur le sol. La mort a été instantanée.
En français et en
anglais, les"
ITINERAIRES PEDESTRES, FOOTPATHS", rappellent à leurs emprunteurs
qu'ils les empruntent sous leur entière
responsabilité.
En face, la voie déferrée se met au service de "l'impasse des Genêts".
25 octobre 1890
Aujourd'hui samedi a eu lieu l'inauguration
de la ligne de Montauroux à
Grasse dépendant de l'exploitation des Chemins de fer du Sud.
La commission ministérielle chargée de la réception des travaux est
arrivée à huit heures du matin dans un train spécial.
Elle a visité
successivement la halte de Saint-Jacques, le viaduc de Ribes, la
station de Peyménade, le viaduc de la Siagne, la halte de Tanneron, et la station de
Montauroux...
Les convois traversaient sur le tablier métallique d'un pont-rail,
soutenu par des culées qui
persévèrent à retenir
le remblai.
La voie déferrée reprend du service
en soutien, cette fois, du "chemin de
Narbonne". 1890
Grasse 25 octobre.
La
réception d'une partie de la ligne du chemin de fer de Grasse à
Draguignan a eu lieu aujourd'hui. Cette cérémonie devait être présidée
par un ministre, mais le ministre n'est pas venu. Il a été remplacé par
une Commission ministérielle composée de deux inspecteurs généraux des
ponts et chaussées :
MM. de la Tournerie
et Carlier, et d'un ingénieur en chef, M. Pérouse, arrivés de
Paris ce
matin. Le temps de leur souhaiter la bienvenue et le train spécial
d'inauguration est parti de Grasse à 8 heures et demie, par un
beau
soleil...
A
Montauroux, but d'arrivée, un lunch est offert par la
municipalité ;
partout les
excursionnistes ont été frappés de la beauté et de la richesse de cette
contrée forcément abandonnée jusqu'ici, et qui, avec le chemin de fer
du Sud, va enfin avoir un débouché pour ses produits.
Outre que les lignes à quatre rails du Sud de la France
ont une très grande importance au point de vue commercial, elles
présentent un intérêt capital en tant que lignes stratégiques.
Construites sur la demande formelle
du ministère de la guerre, elles sont à l'abri de toute surprise, et
serviraient en cas de besoin au transport des troupes et à leur
ravitaillement...
Le train inaugural coupa à niveau un chemin
de service,
baptisé de nos
jours : "chemin de la Fontaine
d'Aragon"
La voie déferrée, elle, continue à soutenir le "chemin de Narbonne".
Le chemin de fer qu'on vient
d'inaugurer est donc de première nécessité.
Un
banquet a eu lieu au Grand-Hôtel. Une centaine de convives, tout le
haut personnel de la Compagnie du Sud, MM. Félix Martin,
directeur, et
Robin, directeur-adjoint; le marquis de Villeneuve-Bargemont, le
colonel du génie Turot ;
Roure, maire de Grasse,
Benini, sous-préfet ; Deneux, secrétaire général
de la préfecture du Var, le comte de Messelmann, MM. Aube, Périer,
Roucayrol et Guérard, ingénieurs en chef des ponts et chaussées ;
MM. Desmur et Moris, représentant le P.-L.-M.; un grand nombre
d'ingénieurs et d'entrepreneurs, le Conseil municipal, M. Baulant,
des
conseillers généraux, le docteur de Valcourt, etc.
Deux discours ont été prononcés par M. de la Tournerie
et par M. Félix Martin.
Jusqu'au 5 avril 1948,
les convois ne
faisaient là
que sautiller un caniveau
et franchir la route
nationale N° 562,
à 227,495 mètres d'altitude,
à l'angle d'une maisonnette de
garde-barrière.
Au-delà de cette date et jusqu'à la fermeture de la ligne, le 2 janvier 1950,
les voyageurs bénéficiaient d'une halte
nouvelle, dite "de Colle-Noire",
dont le quai se situait entre l'actuelle D 562
Le cadastre de
1935 n'est pas conforme avec ce que montrent les photos
aériennes de
1946.
1953
Le chemin de fer n'est plus depuis déjà trois ans. Dès 1945,
la ligne Central-Var se trouve limitée à la section Meyrargues -
Tanneron, puis elle
est définitivement fermée le 2 janvier 1950.
Le Train des Pignes, entre Draguignan et Grasse, est remplacé par un
autobus.
1953
Dans la matinée du 17 septembre
arrivait en gare des Arcs-sur-Argens un couple assez disparate.
Lui, petit, presque obèse, les cheveux grisonnants, d'étranges yeux
verts, habillé fort modestement.
Elle, d'allure plutôt distinguée, coiffée
d'un élégant petit chapeau, posé sur une chevelure blond cendré, vêtue
d'un tailleur gris de bonne coupe, chaussée de souliers en daim marron
et portant une ombrelle pour la protéger des chauds rayons du soleil,
qu'elle avait l'air de redouter.
L'homme pouvait avoir 55 ans ;
elle, 50.
Dans la cour de la gare, l'autobus qui assure la liaison avec
Draguignan attendait les voyageurs.
Un porteur entassa dans la soute les
bagages de qualité appartenant à ce couple étranger à la région. Il y
avait une énorme malle, une grosse valise, une valise-avion, un cabas en
cuir jaune, un carton à chapeau en cuir verni noir...
Trente minutes plus tard, l'homme et
la femme qui s'étaient entretenus en allemand durant le trajet,
descendirent à Draguignan.
Ils allèrent se restaurer dans un établissement voisin, firent un tour
de la ville et, à midi, prirent passage dans l'autobus Draguignan-Grasse...
Le chauffeur, Claude Gagnard, leur
délivra un billet pour Peymeinade. charmante localité des
Alpes-Maritimes, située à environ cinq kilomètres de Grasse, et à la
même distance de la rivière la Siagne qui délimite le Var et les Alpes-Maritimes.
Au grand étonnement de M. Gagnard,
l'étrangère descendit à cet endroit et fit placer sur le bord de la
route sa malle et ses deux valises, tandis que son compagnon
poursuivait seul le voyage, gardant par devers lui le carton à chapeau
et le cabas.
- Attends-moi, je vais revenir te chercher ! dit l'inconnu à
celle qui
paraissait être sa femme, au moment où l'autobus démarrait en direction
de Grasse.
M. Joséphin Girard, qui habite à
proximité, vit la voyageuse ouvrir son ombrelle et se promener, en
attendant le retour de l'homme.
Une heure s'écoula. Enfin vers 16 heures, l'homme revint à pied.
Une
discussion en allemand éclata, mais l'inconnu apaisa sa compagne et, la
prenant par la taille, l'entraîna dans le chemin qui conduit au bord de
la Siagne... Une heure plus tard, M. Bellone, le
patron
du bar du Tourisme, situé à proximité du pont de la Siagne, vit entrer
dans son établissement ce voyageur qu'il connaissait de longue date.
- Tiens M. Becker ! lui dit-il. Que faites-vous par
là ?
- Je viens voir ma femme et mes enfants.
Le débitant ne s'étonna pas outre mesure : ce n'était pas la
première
fois que son ancien voisin enfreignait l'interdiction de séjour pour
venir rendre visite à sa famille.
Le lendemain, sous le regard étonné
de M. Girard, Becker venait récupérer à la halte de Tanneron les deux
valises et la malle...
La voie déferrée conflue à
droite avec un chemin de service
entrouvre une fenêtre sur le lac de
Saint-Cassien.
Les convois se
contentaient de sautiller un passage d'eau,
- probablement
en lien avec une branche initiale du vallon de la Tuilière -
sur la voûte d'un
aqueduc maçonné.
... 1953
Deux
jours passèrent, le dimanche
matin, un chasseur grassois, M. Michel Roudier, passant à
proximité du
viaduc de la Siagne, aperçut une masse bizarre dans les eaux de la
rivière. Il crut que c'était un épouvantail ! Il poursuivit son
chemin.
Le lendemain, M. Georges Goiffon, domicilié
à Spacérèdes, contremaître de
l'entreprise chargée de la récupération
de la ferraille provenant du viaduc, eût l'attention attirée par
le
"mannequin". Il s'approcha et constata avec stupeur qu'il s'agissait du
cadavre d'une femme...
Le
corps se trouvant en bordure de la
rive droite de la rivière, il appartenait à M. Goiffon d'alerter
les
autorités varoises, en l'occurrence, le maréchal des logis Pujol,
commandant la brigade de gendarmerie de Fayence.
Sur ces entrefaites, le chasseur grassois
avait fait part de sa découverte au lieutenant Bouvet, commandant de la
section de gendarmerie de Grasse, et à l'adjudant Cauvière.
C'est pourquoi, quelques instants plustard, les gendarmesvarois et leurs
collègues
de Grasse setrouvaient sur les lieux de lamacabre découverte,
sur leurs
rives respectives.
Le corps futretiré
del'eau :
il s'agissait d'une femme de 40 à 50ans aux cheveux,blonds cendrés, d'une
taille d'environ un mètre soixante, etde forte corpulence. Elle portait unejupe grise et un chemisier blanc ;sa veste fut
retrouvée sur laberge.
Les ongles deses
mains et de ses pieds, passés au vernis rouge,avaient été soignés tout récemment par une
manucure-pédicure.
Unesavonnette
et une serviette de toilette se trouvaient à proximitéde la berge. Nuldoute, l'inconnue
s'était noyée alors
qu'elle procédait à desablutions dans la
rivière.
Bientôt, le Parquet de Draguignan
- avec MM. Rolland, procureur de la République, Fosse-Galtier,
juge d'instruction et le greffier Lepage - se trouvaient au bord de la Siagne.
Pratiquée par le docteur Dauphan, médecin légiste, l'autopsie permit d'affirmer que la mort était due à l'immersion.
Une rapide enquête dans les environs allait apporter bientôt aux enquêteurs un témoignage capital, celui de M. Joséphin Girard, qui reconnut dans la noyée la femme partie le jeudi précédent en promenade vers la Siagne avec un individu dont il donna un signalement précis.
- Sur la
malle
qu'ils avaient laissée en bordure de la route, j'ai lu
une adresse au nom de Mme Becker, à Peymeinade,
ajouta- t-il.
- Becker !
Mais c'est un
repris de justice, interdit de séjour, dont la famille demeure à Peymeinade ! s'écrièrent les gendarmes.
En un
clin
d'œil, les voitures démarrèrent en directiondu hameau des Jaisous : les élégants bagages de la voyageuse gisaient
vides dans le fouillis inextricable de la masure.
D'un seul coup, ils allaient permettre
d'identifier le criminel et sa victime.
La femme de Becker ne fit, en effet, aucune difficulté pour reconnaître que ces bagages avaient été apportés trois
jours plus tôt par son époux.
- Jean-Bernard,
ajouta-t-elle, m'a obligée àbrûler les papiers qui se trouvaient dans
la valise.
Les gendarmes mirent la maisonsens dessus
dessous.
Tous les papiersn'avaient
pas été brûlés:sous
unmatelas,
ils
découvrirent des cartes
devisite
au nom d'Alma Lütge-Varney, schwester, 29 Melhemerstrass à
Koln-Marienburg, Deutschland...
L'Allemand
Jean-Bernard Becker, originaire de Francfort-sur-le-Mein, était arrivé
en France vers
1920.
Employé tout d'abord aux chemins de fer
des Territoires occupés de l'Est, il
avait été nommé, en 1924, chef de gare de Colomars,
petite station des Alpes-Maritimes située sur la ligne des chemins de
fer de Provence.
Naturalisé Français en 1928, il
épousait la même année une jeune Italienne, Nathalie Gerucci.
Le soleil, les fleurs, une gare de
tout repos ; la vie était belle ! Hélas, la guerre survint. Becker disparut
avec sa famille. - J'ai été déporté par les Allemands,
affirma-t-il, lorsqu'il revint dans les Alpes-Maritimes après la
Libération.
Dans le pays on est plutôt tenté de croire que Becker est allé proposer
ses "services", de son propre chef, à ses anciens compatriotes.
Quoiqu'il en soit, cet "excellent agent, ponctuel, discipliné", dont
les certificats de travail vantaient les mérites, avait été totalement
transformé par la guerre.
A son retour, les chemins de fer de Provence n'existaient
plus : il vint
s'installer avec sa femme et ses six enfants, dans un mas misérable du
village de Peymeinade.
Au tribunal de Draguignan.
C'est
accidentellement, a encore affirmé Becker, qu'Alma Varney est morte.
Ce
jeudi 17
septembre 1953, descendu à la halte
de Tanneron où nous avait
amené le car de Draguignan,
Alma a manifesté le besoin de faire un peu
de toilette après notre long voyage en train depuis Sarrebruck
jusqu'aux Arcs...
La conviction du juge Fosse-Galtier est
maintenant acquise : Becker a
bien tué Mme Varney pour la voler ;
et pour le magistrat, le scénario
est très simple : l'homme était persuadé qu'Alma Varney possédait
toute
sa fortune dans un des quatre bagages qu'elle avait amenés avec elle de
Sarrebruck.
En arrivant à la halte de Tanneron, il laisse seule
la
malheureuse femme sur la route sous le prétexte d'emporter avec lui,
d'abord trois des lourds colis à Peymenade.
En fait, il s'arrête en
cours de route, fouille fébrilement les colis mais ne trouve aucun
argent.
Il revient donc à la halte où se morfond Mme
Varney et où se trouve toujours le dernier colis, une énorme malle
pesant soixante-dix kilos...
s'avançait le long de la halle aux marchandises
de la gare de Tanneron
devant laquelle il était attendu à
15 heures 47.
UTM :32 T 324136 4831131
Proposition
de transformation de la halte de
Tanneron en station ouverte au service
complet de la grande et de la petite vitesse. Les
tarifs généraux et spéciaux ainsi que les frais accessoires de ou
pour la
station de Tanneron sont ceux déjà en vigueur sur le réseau
d'intérêt général. (Paris, le 18 février 1901.)
Avant, pendant et après la période d'activité de la ligne, la
criminalité à Tanneron occupait largement les colonnes des journaux.
1913 MM. Duchene,
juge d'instruction ;
Boissière, substitut du procureur de la République, et Cartier, commis-greffier,
se sont rendus, hier matin,à
5 heures et demie,par la ligne du Sud, à
Tanneron,
à l'effet d'enquêter sur l'assassinat du nommé Astier Honoré, commis
samedi dernier, au quartier de l'Olivier, dans les circonstances que
nous avons relatées hier.
Le Petit Provençal, 30 décembre
1913
Le train repartait en direction de la gare de Peymeinade, sauf à partir de 1945, où
le terminus de la ligne Central-Var était fixé ici à Tanneron.