Ce feuilleton relate le
tout premier voyage en
Afrique de l'auteur. Il n'a jamais fait l'objet de
publication mais illustre les paysages et certains lieux dont il
est question dans ses livres.
Pour nous Tamanrasset n'est pas le but du voyage.
D'autre part, nous savons
que cette ville figure sur notre trajet, au retour. La
priorité, cette fois, sera donc accordée aux
diverses formalités
administratives, mécaniques et d'approvisionnement.
Tamanrasset
n'est plus l'oasis
du bout du monde qu'a trouvée le Père
de Foucauld lorsqu'il vint s'y installer en 1905.
Devenue
Wilaya
(préfecture), la ville abrite des écoles,
administrations
multiples, un hôpital, une banque, des garages, des
restaurants
et des hôtels.
Ce
qui manque le plus, c'est
l'eau. La piscine à sec de l'hôtel de
l'Aïr est une
démonstration permanente... d'espoir en l'avenir. Mais ce
n'est pas
là le plus grave.
Les coupures
quotidiennes gênent la vie ordinaire. Elles nous touchent
aussi.
Nous avons à refaire les pleins et cette fois plus pour le
folklore. Eau, provisions et carburant deviennent vitales.
Le désert, le
vrai,
celui que ne ponctue aucun ruban d'asphalte, même en
pointillés, s'étend devant nous. Il faudra
l'apprivoiser
jusqu'à Arlit, au Niger.
Rien
ne nous empêche de concilier approvisionnement et visite des
lieux.
La
communauté des Petits Frères de Jésus
est une incitation
à monter à l'Assekrem, jusqu'à
l'ermitage du
père Charles de Foucauld. L'état
précaire de la voiture,
à qui l'on va demander encore tant d'efforts, et
même plus, nous en dissuade.
Ce ne sera pas pour cette fois. Dommage, nous aurions pu, en chemin,
nous recueillir
devant le tombeau
de Moussa
ag Amastane, qui fut grand amenokal des Touaregs,
rencontrer
le religieux, qui comme le Père de Foucauld, partage son
temps entre l'ermitage et Tamanrasset.
Nous
aurions pu y admirer un merveilleux lever de soleil sur
un
paysage fantastique, se
repérer à l'aide de la table d'orientation
offerte par le
Touring Club de France... et moi, puisque cet organisme est en train de
déposer le bilan avec ma caution,
et,
pourquoi pas, nous joindre à un convoi de touristes
pour redescendre.
L'expédition
aussi magnifique et
instructive eût-elle
été, aurait provoqué le
raisonnable. Nous
préférons profiter d'une occasion inattendue
pour faire changer les amortisseurs de la voiture. Jamais je n'aurais
pensé trouver ce type de pièces
détachées en Algérie. Mais Tamanrasset
est
cosmopolite. Que n'y dégotte-t-on pas en cherchant bien ?
Où il
faut !
La population est constituée en premier lieu de touareg. On
croise des algériens noirs,
descendants des soudanais razziés jadis et
ramenés en
esclavage. Il faut convenir aussi, que la majorité visible,
abstraction faite des routards multinationaux, est
composée
de
fonctionnaires en treillis. Les autres citoyens cachent des policiers
en civil ou en congé.
La police, nous devons la visiter. C'est elle qui accorde le coup de
tampon nécessaire et indispensable à la sortie du
territoire. Le village frontière d'In Guezzam n'est qu'un
poste avancé au contraire de celui qui n'y arbore pas, sur
son passeport,
le précieux cachet.
Celui-là, n'est pas avancé.
Il ne lui reste qu'à rebrousser les quatre cents
kilomètres de
désert pour revenir le chercher.
Serons-nous facilement munis du précieux sésame ?
Dans
quel état d'esprit allons-nous aborder la
véritable
partie aventureuse du voyage ? Devons-nous vraiment franchir ce pas
entre deux mondes ?
Vous
le saurez...
peut-être, en parcourant
l'épisode suivant
: